Après la tombée du soir. Une fin de journée. Je suis un peu pressée. J’ai du mal à passer. En pleine période du Ramadan, surcroît de vie dans les rues de Ménilmontant. Débauche de victuailles sur les trottoirs. Ils ne mangent que quand il fait noir. Dans cette ambiance de festivités, comment ne pas s’arrêter et profiter. Les figues séchées et le lait caillé. Les pains et les graines de lupins. Les branche de dattes étalées. Une curiosité bien placée. L’odeur d’une autre culture. La saveur de l’ailleurs. Et dans tout ce charivari, un îlot de paix surgit. Un café envahit. Sans bruit. Arrêt sur une image décalée de sagesse et d’humanité. Chaleur des peaux tannées. Profondeur des regards foncés. Ils sont posés, boivent du thé et fument le narguilé. Ils respirent l’humilité de l’homme qui a été aimé et choyé. Aura de virilité. Simplicité sans mixité. Une communauté. La lenteur de leurs mouvements. Ils savent prendre le temps. Je voudrais les rejoindre dans leur assurance. Sentiment d’appartenance. Photo d’enfance. Je souris à l’intérieur et je reste à l’extérieur.