Un matin, le métro. J’ai ouvert un journal, rien de plus normal. La routine, le banal. Ils se sont assis. Je ne les ai pas vus. Pas vu pas pris. Il lui a juste dit « Tu m’as beaucoup attendu alors »? Sa voix était claire et cristalline. Toutes les nuances de la constatation à l’excuse. Elle lui a répondu « Ce n’est pas grave ». Complice et attentionnée. Une palette immense de la compréhension à la séduction. Ils avaient tout le temps. J’ai levé les yeux. Je ne les ai plus baissés. Ils parlaient sans cesse, de tout et de rien, de ces riens qui font tout. J’étais fascinée. Simplement dans leurs regards la sagesse des gens qui savent. Dans leurs gestes la douceur de ceux qui comprennent. Dans leur attitude l’évidence de ceux qui s’aiment. Une harmonie. Je ne pouvais me détacher. Il m’a regardé. Il m’a souri. Il était avec elle. Ils se sont levés. Bonne journée ! Couple, amis ou amants, ils avaient plus de soixante ans.