Un après midi d’au revoir, un après midi de départ. Dans un lieu connu, lieu privilégié de travail et de complicité. Une ambiance surchargée, reflet de cœurs gros ou angoissés. Pourquoi ce manque de légèreté ? Le poids de la fin, la fin d’une année. Je suis fatiguée. Ils sont tous assis. Bien disposés, leur corps se touchent. La peur d’être séparés. Pas envie de se quitter. Par terre, en tailleur, couchés ou bien calés. Dans leur position, le miroir de ce qu’ils sont, pas la réalité de leurs intentions. Un discours interminable. Ils trouvent le temps long. Pour une fois elle ne retient pas leur attention. Trop de tensions. Internes. Plongés à l’intérieur, ils dissolvent l’extérieur. Dans l’air devenu épais, on peut toucher le bruissement de leurs pensées. Etre ensemble et pourtant isolé. A l’autre bout de la pièce, un jeune homme, une jeune femme. Deux âmes. Avec eux la certitude de la solitude. Ils ont l’habitude. Elle fume une cigarette et son paquet traîne par-là. Il se penche. Il regarde par terre. Il le prend, le porte à ses yeux. Dans son regard profond, toute une conversation. Tant d’émotion. Une hésitation. Un oubli. Il est déjà parti. J’aurais voulu le retenir.