Une matinée mal réveillée. Une fine bruine coule du ciel. Le temps aux couleurs de mes tourments. Le cerveau embué de trop penser. Le corps fatigué à force de veiller. Obsession de la passion. Sans concession. Sans répit, sans bruit. Seulement un murmure lancinant. Un chant, une clameur. Une vague des profondeurs. Une lame de fond dévaste mon cœur. Le théâtre des cinquante comme seule échappée. Jouer pour oublier. Une scène, des comédiens. Assise dans les gradins, je ne vois rien. Incapacité à se concentrer. Les yeux ouverts et pourtant fermés. Sensation d’être murée, sourde à toute sollicitation. Isolée. Enfermée. Bulle de protection. Soudain, une voix grave retient mon attention. Je regarde devant moi. Un peu plus bas. Une tête. Un crâne rond, un ballon. Rasé de près. Une envie de toucher. J’approche ma main pour caresser. Juste l’effleurer et le remercier. Une parcelle de désir. Déjà la volonté de séduire. Je suis sauvée.