Parfois, il n’est pas besoin de mots pour s’aimer. Deux jours à cheval, les grands espaces et quelques fous rires. Une parole chantée. Des mains et du corps en langage imagé. Oh mon cavalier. Tu es. Toi ou ton cheval. Toi et ton cheval. Je vous ai aimés, toi et ton cheval, sans mots. Nous n’avons pas partagé de mots. Mon cavalier. Tu ne parlais pas français. Ni anglais. Je ne parle pas Mongol. Nous avons partagé des rires et des galops. Un grand espace. De liberté. Grâce à toi, dans les rires et cette immensité, la liberté, j’ai chanté. Moi qui n’ai jamais chanté, j’ai chanté. J’ai chanté en anglais. J’ai inventé une chanson, là, dans les steppes, au pas, sur mon cheval, en toute liberté. Avec toi à mes côtés. Mon cavalier. J’ai chanté toute la douleur de mon enfance. La liberté dont j’ai été privée. Celle de l’amour. Sans mot. Sans condition. Et j’ai pleuré. Tu ne l’as pas vu. Tu l’as peut-être aperçu. Tu l’as sans doute entendu. Derrière mes lunettes fumées, j’ai pleuré. Mes larmes coulaient le long de mon cheval. Mon cheval, tu me portais. Tu m’as donné cette sécurité indispensable à la liberté. Toi aussi. Mon cavalier. Tu m’as regardée. Toi qui ne parle pas anglais. Ni français. Tu as fait ce geste. Un geste que je t’avais fait moi, avant, en entendant ton chant, à toi, mon cavalier. Ton chant diaphonique. Magnifique. Tu as fait ce geste pudique et drôle. Comme un étourdissement de plaisir. Tu y as ajouté un geste de dessin animé. Roger Rabitt a le cœur qui bat trop fort, il l’offre à Jessica. Tu m’as offert ton cœur mon cavalier. Tu ne le savais pas mais tu m’as offert la liberté. Mes larmes se sont transformées en rire. Et en liberté. Un fou rire de liberté dans les steppes. Un grand espace d’amour. Au pas. Nous sommes partis au grand galop. Juste pour éprouver cet incroyable sentiment de liberté. Le vent et l’horizon droit devant. Nous étions comme deux enfants.

Parfois, souvent, il n’est pas besoin de mots pour se comprendre. Encore moins pour partager. Il n’est pas besoin de mots pour s’aimer. En toute liberté. Dans les steppes, sur mon cheval, au grand galop, j’ai éprouvé le vrai. L’amour en vrai. Sans mot. Sans autre désir que le moment d’un fou rire partagé. Je ne le savais pas. Je ne me le suis pas dit comme ça. C’est le lendemain que j’ai compris.

Le lendemain je me suis réveillée. Je suis sortie de ma yourte, tu sortais de la tienne. Mon cavalier. Je suis sortie de ma yourte, je venais de me réveillée, c’est ton regard que j’ai croisé. Pas de mot. Pas de geste. Un regard. Je n’oublierai jamais ce regard. Un regard de joie. Immédiat. Ton visage s’est illuminé. D’amour. Mon cœur a chaviré. Parfois, mon cœur déborde et parfois il se noie. Cette fois, il a juste chaviré. Juste et tellement. Tellement. Que je suis allée voir mon cheval. Ton cheval, mon cavalier. Tellement qu’au creux de son oreille, j’ai murmuré. Dans la sécurité de son encolure, j’ai pleuré. Sur l’amour que je n’ai jamais eu. Sur l’amour que j’ai reçu. Absolu. Mes larmes coulaient sur mon cheval. En sécurité. Je lui ai parlé. Mon cavalier. Je t’ai parlé. Je l’ai remercié pour ces deux jours qu’il m’avait laissé passer sur son dos. Pour la chanson en anglais. Pour les larmes que j’avais versées. Pour les rires. Pour ces deux jours sans mots. Deux jours de complicité. De liberté. D’amour. Ces larmes. Ce regard. L’amour. Un passeport. Une clé. Pour la liberté.